Lisez-le... si vous pouvez

Le mardi 16 août 1870, Alain de Monéys, jeune Périgourdin intelligent et aimable, sort du domicile de ses parents pour se rendre à la foire de Hautefaye, le village voisin.
Il arrive à destination à quatorze heures.
Deux heures plus tard, la foule devenue folle l'aura lynché, torturé, brûlé vif et même mangé.
Pourquoi une telle horreur est-elle possible ? Comment une foule paisible peut-elle être saisie en quelques minutes par une frénésie aussi barbare ?
Ce calvaire raconté étape par étape constitue l'une des anecdotes les plus honteuses de l'histoire du XIXe siècle en France.

Jean Teulé, je ne connaissais pas.
C'est sur conseil que j'ai ouvert ce livre, sceptique mais forcément intriguée par le titre et le résumé, décidée par la minceur du volume.

Je ne connaissais pas non plus cette histoire. Il faut dire qu'une grande partie de ma culture historique me vient de ma scolarité, et ce n'est pas vraiment le genre d'anecdote qu'on y apprend.

Bref, c'est un peu dubitative que j'entame la première page.
D'emblée, le style est précis et factuel ; il y a même un petit plan au début de certains chapitres ! On jurerait entendre la voix de Pierre Bellemare.

Un peu ennuyeux au début, le récit s'emballe rapidement, et chaque chapitre repousse les limites de la terreur.
Il m'est arrivé de lire des romans d'horreur assez costauds (les Pocket Terreur sont plutôt bons dans le genre) : sur le coup, j'avais peur de m'endormir, puis je me raisonnais en me répétant que ça n'avait rien de réel.
Ici, les faits sont authentiques ; cette seule idée contrecarre toute tentative de déni.

On imagine sans peine que l'histoire est romancée, sans savoir vraiment sur quels points ni dans quelle mesure, si à tel endroit les détails sont le fruit du sadisme de l'auteur ou s'ils sont avérés. Pour la première fois, il m'a fallu interrompre ma lecture parce que je me sentais mal.
Malgré tout, on veut connaître la fin, on ne peut pas laisser Alain de Monéys comme ça, alors on replonge dans ce cauchemar malsain.

L'épilogue ne suffit pas à apaiser le lecteur heurté dans tout ce qu'il a d'humain par tant de violence et de cruauté, et le renvoie inévitablement à des faits divers plus contemporains.

Mangez-le si vous voulez ne m'a pas positivement marquée, et à l'avenir, si un autre Jean Teulé se trouve sur mon chemin, je m'assurerai d'abord qu'il laissera ma sensibilité tranquille.

 

Retour à l'accueil